Assemblée générale de la FCT : Focus… et pour les 20 prochaines années ? 2ème partie

Notre dernière Newsletter était consacrée à l’Assemblée Générale de la FCT du 13 septembre dernier et à la brillante intervention de Madame Veronica Weisser, analyste financière et spécialiste en prévoyance à l’UBS, qui avait lancé les débats en nous parlant de la diversification et des risques liés aux placements à long terme.

Nous avons le plaisir de vous présenter aujourd’hui une synthèse de la deuxième intervention de l’Assemblée Générale, celle de Monsieur Aldo Ferrari, qui avait pour but de traiter du thème suivant:

L’évolution de la société et du système de sécurité sociale ? Est-ce que tout va s’écrouler ?

Monsieur Aldo Ferrari, Vice-Président d’Unia, Président de la CIEPP, membre du Conseil de Fondation d’Ethos et membre de la Haute autorité de surveillance CHS PP, est un spécialiste reconnu de la prévoyance. Soumis au feu nourri des questions d’Esther Mamarbachi, il a retenu toute l’attention de l’auditoire en s’exprimant sur plusieurs thèmes d’actualité et sur l’avenir du système suisse de sécurité sociale.

Monsieur Ferrari considère que si notre pays a la chance d’avoir avec le principe des 3 piliers l’un des meilleurs systèmes au monde, il doit naturellement s’adapter. Prévoyance Vieillesse 2020 était une opportunité d’apporter des solutions concrètes et globales au moins pour les 10 prochaines années, mais le projet a malheureusement fait long feu pour des raisons qui sont multiples. Il faut donc rapidement remettre l’ouvrage sur le métier car chaque année qui passe voit le trou se creuser davantage et la facture s’alourdir.

En proposant de réformer séparément les deux premiers piliers, le Conseil fédéral a tiré les leçons de l’échec de Prévoyance 2020. Il a présenté le nouveau projet « AVS 21 » alors que de leur côté, les partenaires sociaux doivent faire des propositions pour la réforme du 2ème pilier. Or le projet « AVS 21 » revient avec deux thèmes qui ont clairement contribué à l’échec de Prévoyance 2020, à savoir le relèvement de l’âge de la retraite des femmes et l’augmentation de la TVA. Pour Aldo Ferrari, présenter à nouveau ces mêmes solutions s’apparente à un déni de démocratie et rend le projet inacceptable en l’état. Il craint cependant que le peuple suisse ne finisse par l’accepter par résignation plutôt que par conviction.

Interpellé sur le sujet du compromis impôts/AVS actuellement en discussion au Parlement, Aldo Ferrari y voit une solution pragmatique permettant de résoudre 2 problèmes en même temps : mener à bien la nécessaire réforme de la fiscalité des entreprises tout en contribuant à assainir notre système de retraite sans réduire les prestations. Dans l’actualité figure également la recommandation de la Commission fédérale de prévoyance d’abaisser le taux d’intérêt minimal LPP à 0,75%, proposition que Monsieur Ferrari juge incohérente dans le contexte du niveau actuel d’inflation et des bons rendements de 2017.

A plus long terme, Aldo Ferrari pense que notre système des 3 piliers va perdurer malgré les bouleversements de la société et du monde du travail. Mais les effets de la digitalisation et le nombre croissant d’interruptions de carrière ou d’indépendants sont autant de défis qu’il devra relever. En outre, le 2ème pilier ne répond clairement plus à un certain nombre d’évolutions et son virage vers l’individualisation a visiblement été trop loin.

Bien entendu, d’autres thèmes vont encore impacter le marché de la prévoyance à l’avenir. Parmi ceux-ci figure le retrait d’AXA du marché de l’assurance complète qui démontre les difficultés que rencontre ce modèle dans le contexte actuel. Cependant, alors que nos représentants sous la Coupole pensaient que l’abandon de l’assurance complète rendrait la prévoyance professionnelle plus fragile, force est de constater que tel n’est pas le cas. Et, finalement, la diminution du nombre de caisses de pension est une tendance qui va inéluctablement se poursuivre car une structure minimale est nécessaire pour assurer leur pérennité.

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Un grand merci à Monsieur Ferrari pour avoir répondu avec compétence et conviction au jeu des questions/réponses proposé par Madame Mamarbachi. A la suite de cette interview, c’est Monsieur Denis Duboule, professeur de génétique et génomique à l’Université de Genève, qui a captivé l’auditoire en parlant de l’évolution de la longévité sous l’angle de la génétique. Avons-nous dans nos chromosomes une information précise qui nous dit combien de temps nous devons vivre ? Peut-on raisonnablement espérer une extension notable de cette durée de vie par des moyens génétiques ? Réponse et fin du suspense dans notre dans notre prochaine Newsletter qui sera publiée le 9 octobre 2018 !